Loreen sauve l’eurovision du ridicule

le blog

par Farouk VALLETTE
le 31.05.12 à 20:49

Loreen sauve l’eurovision du ridicule

Pfff! Trois jours pour trouver quelques minutes afin de charger mon dernier post. J’ai repris le boulot en pleine tronche d’entrée mardi. Dur dur ! Mais bon laissons mes états d’âme de côté et revenons à Samedi soir.

La Suède a donc gagné le concours eurovision 2012. C’était écrit semble-t-il. Pourtant aux répétitions Loreen n’avait pas convaincu. Le syndrome de la chanson accrocheuse dont on est gavé à la dixième écoute? Peut-être. Reste que le duo Suède-Russie qu’on attendait est finalement bien là. Remercions donc Loreen d’avoir barré la route de la victoire aux mamies russes, victoire qui aurait beaucoup nui à l’image du concours. Et comme le prochain concours sera en Suède, le pays de l’eurovision, l’événement devrait être très médiatisé, sans doute plus que le concours de Bakou, pour lequel il reste un arrière goût plutôt amer. Le fait d’être allé dans une de ces dictatures post-soviétiques, dont le pouvoir et les richesses sot accaparés par un clan, et d’avoir dû subir les portraits du président dans la ville, la femme du président à la tête du comité d’organisation, la fille du président come présentatrice et le gendre du président sur la scène pendant le spectacle d’entracte. Du jamais vu à l’eurovision et j’espère ne plus jamais revoir ça. Savoir qu’à quelques pas du Crystal Hall les opposants sont arrêtés et emprisonnés. La débauche de dépenses avec un coût qui dépasse le milliard d’euros dans un pays où la grande majorité de la population vit dans une grande pauvreté. Bref derrière le Bakou clinquant que nous avons visité il y a un Bakou misérable qu’on a tout fait pour nous cacher. Et j’avoue qu’on a pas vraiment cherché à le voir, perdus dans notre bulle eurovision.

Les résultats sont ceux qu’on attendait. Derrière la Suède et la Russie on trouve donc dans le Top10 Serbie, Azerbaïdjan, Estonie, Allemagne, Espagne et Italie. En termes de surprise il y a d’abord la Turquie qui avec une chanson plutôt moyenne se retrouve quand même à la septième place. Le poids des votes des communautés turques reste très fort même si Loreen a atténué leur effet, puisqu’au lieu des 12 attendus on a eu plutôt des 7 et de 8. Ensuite il y a la Roumanie, qui affichait ses ambitions d’un Top 5 et qui pointe à une 12ème place bien éloignée de ses espérances. Mais la Roumanie est sur la bonne voie et gageons qu’on ira bientôt à Bucarest. Enfin il y a l’Albanie, qui grâce à une Rona impériale réussit son meilleur classement avec une 5ème place historique. D’autres pays peuvent avoir des regrets, car en regardant les demi-finales hier, j’estime que la Suisse, le Portugal, et Israël avaient leur place en finale, plus en tout cas que certaines casseroles grecque ou norvégienne. Il leur manquait juste les quelques points que certains pays reçoivent habituellement de leurs voisins. Quant à l’Autriche, leur dernière place m’apparaît incompréhensible.

Et puis il y a la France. Notre 22ème place est très difficile à digérer. Certes on se doutait qu’on ne gagnerait pas mais finir si bas après tous les efforts déployés c’est vraiment dur. La mise en scène avec les gymnastes qui me plaisait n’a donc pas convaincu, pas plus que la chanson. Pourtant je suis assez fier de cette prestation et je maintiens que ce classement est très injuste. Mais pour les prochaines années France 3 doit d’abord travailler la chanson et pourquoi pas chercher dans d’autres pays des auteurs-compositeurs capables de nous proposer quelque chose qui soit à la fois audacieux et accrocheur. Normalement une sélection doit être organisée puisque l’UER a décidé de l’imposer à partir de 2013.

Le soir de la finale, bien placés face à la scène, notre plaisir a été gâché une fois de plus par la sécurité. Interdiction de se lever et d’agiter les grands drapeaux que nous avions amenés et qui ont failli être confisqués. Il y a eu une discussion très animée avec le responsable de la sécurité de notre carré (je n’ai pas été très fin en lui disant que l’Azerbaïdjan était un pays faciste) et la bénévole qui nous suppliait les larmes aux yeux de ne pas l’énerver. Il a fallu que je demande à l’assistante du réalisateur qui se trouvait sur la scène d’intervenir. Au cours de la négociation nous avons arraché le droit de garder et d’agiter nos drapeaux, mais assis… Ainsi quand des artistes nous disaient « Up! » on leur criait qu’on ne pouvait pas. Par malchance les quelques fans étrangers qui étaient avec nous étaient plutôt vieux et mous. Je suis persuadé que si on nous avait mis les espagnols, sécurité ou pas, il y aurait eu de l’ambiance. On aurait pu se mettre debout, s’agiter plus et supporter vivement nos chansons. Bizarrement pendant les chansons russe et azérie il y a eu des gens pour se lever et agiter des drapeaux et la sécurité n’a pas réagi. Nous, nous sommes restés assis et on n’a pas applaudi, pas plus qu’on a applaudi le gendre du président, espèce de bellâtre qui doit remplir ses salles de concert avec un public emmené de force par cars entiers grâce à la bienveillance des autorités (c’est comme ça que ça se passe ici nous a-t-on dit à l’ambassade de France). Même la présence à nos côté de miss Azerbaïdjan ne nous a pas consolé. Au moins on a pris tranquillement des photos. Et pour les points on voyait plutôt mal l’écran, à part le Top 5, mais au troisième vote on a compris que c’était plié pour la Suède.

Quelques artistes sont repassés dans la salle de presse après le show. Tooji, Soluna, les mamies russes et surtout Pastora Soler qui est venue faire la bise aux espagnols et les remercier de leur soutien. La classe. Après la conférence de presse on comptait rentrer directement à l’hôtel, mais en voyant tous les bus de délégation garés à côté de l’euroclub on a décidé d’y faire un saut et on n’a pas regretté. Beaucoup de monde, à boire et à manger, et encore quelques artistes, notamment Pasha le moldave, les roumains, Soluna la danoise, le géorgien Anri (qui passait totalement inaperçu) ou encore l’estonien Ott (bien torché quand il est parti). J’ai eu la malchance de me retrouver sur le chemin de la fille de président, habillée en mode pouf, avec robe courte à paillette. La demoiselle était encadrée par une demi-douzaine de gardes du corps avec micro-casque qui m’ont poussé sans ménagement sur le côté pour laisser passer la miss. On est parti après 8h du mat et on a entamé directement notre petit dej avant de dormir quelques heures. Une dernière marche dans Bakou le dimanche après-midi pour d’ultimes emplettes et avec quelques français restés sur place on a fini dans le petit restau près de notre hôtel pour un ultime dîner tous ensemble. Et c’est à 4h du mat qu’on a quitté notre hôtel pour rentrer à Paris.