cocoricovision #99

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À quelques heures du reveal de sa chanson au Stade de France, Louane, choisie pour porter les couleurs de la France à l’Eurovision 2025, était dans le Top 5 des bookmakers, alors que sa chanson n’avait toujours pas été publiée. Comment imaginer que des personnes puissent miser de l’argent sur la chanson française, sans la connaitre ? Le nom de l’artiste, sa notoriété, sa popularité y sont pour beaucoup, mais pas seulement. En moins de dix ans la perception de la France à l’Eurovision a changé. L’annonce du nom de notre représentant et la publication de sa chanson suscitent désormais une réelle attente aux quatre coins de l’Europe. Avec une 2ème place et une 4ème place en quatre ans, pour les Européens c’est clair : la France prend le Concours au sérieux.

 

Retournons en arrière. Le 23 mai 2015, à Vienne, la France enregistrait son quatrième fiasco d’affilée à l’Eurovision, à quatre points de l’humiliation (merci à nos amis Arméniens de nous avoir évité cette honte). Le triste résultat de Lisa Angell s’inscrivait dans la continuité de vingt années d’échecs pratiquement ininterrompus, sauf un léger sursaut (Natasha St-Pier, Sandrine François). Même en faisant partie des favoris (Patricia Kaas, Amaury Vassili), la déception était chaque fois au rendez-vous. À l’origine de cette sombre période, qui a duré pratiquement une génération, il y a la difficulté de notre pays à réaliser que l’Eurovision avait changé radicalement.

 

En 1997, la France se prend la révolution du télévote en pleine figure. Finis les jurys indulgents grâce à qui, avec une chanson moyenne ou même mauvaise (il y en a eu), nous terminions au milieu du classement. C’est le public qui désormais nous évaluera et il se montrera sans pitié. Pire, contrairement à d’autres, nous nous sommes retrouvés isolés, sans amis ni voisin amical, perçus comme prétentieux et arrogants, comme en 2005 où Ortal se moquait de « la Latvia ». Le retour de bâton a été sévère, la Lettonie terminait 5ème et nous finissions à la 23ème place. Certains diraient qu’il y a une justice. Bref, quel que soit le bout par lequel on s’y prenait, ça ne fonctionnait pas et bien entendu c’était la faute des autres. Il n’y a pas eu de véritable remise en question.

 

À l’été 2015, Edoardo Grassi, a présenté à France Télévisions un projet pour dépoussiérer l’image du Concours en France et le groupe a décidé de lui faire confiance. Edoardo s’est mis en quête de l’artiste qui donnerait une image plus jeune, plus moderne, plus actuelle de la France à l’Eurovision. Il l’a trouvé en la personne d’Amir, avec l’idée, assez simple finalement, que pour qu’une chanson marche à l’Eurovision, il fallait qu’elle passe en radio. Depuis 1995, seules « Je n’ai que mon âme » et « Allez Ola Olé » avaient connu un certain succès. Les autres, absentes des playlists des radios, avaient été très vite oubliées. (à suivre dans l’édito du Coco99…)

 

Farouk Vallette