L’Eurovision 2015 va livrer sa vérité dans quelques heures

L'Eurovision 2015 va livrer sa vérité dans quelques heures

par Farouk VALLETTE
le 23.05.15 à 20:04

L’Eurovision 2015 va livrer sa vérité dans quelques heures

Hier soir, c’était la générale des jurys de la grande finale de l’Eurovision 2015, et je croise à la fin des 27 chansons, un Suédois qui me demande : « Les Français, vous ne participez pas cette année ? ». « Euh si on participe, on est passé au début, en seconde position ». « Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié ». C’est exactement l’impression que j’avais, une fois déroulées les 27 chansons de cette finale. La France est complètement oubliée. Oubliée aussi du clip de présentation « Building bridges » où on voit des gens de toutes les nationalités construire des ponts, des Européens, des Australiens, mais aussi des Américains, des Sud-Africains et même des Sri-Lankais. Mais pas de Français…
Nous ne sommes pas aimés à l’Eurovision. La seule chose qui intéresse l’UER c’est notre chèque annuel. Une fois celui-ci encaissé, on nous met en début de programme histoire de se débarrasser de nous encore plus vite. Ben oui, la position 9 est pour la Norvège, et la 11 pour Chypre. La mafia scandinavo-russo-germanique qui règne sur l’Eurovision favorise toujours ses copains.
L’ouverture de ce concours est d’un ennui profond et surtout interminable. On revient aux années 60 avec un orchestre symphonique. L’hommage à Udo Jurgen, premier lauréat Autrichien du concours, et décédé il y a quelques mois est expédié en dix secondes, pour laisser la place à Conchita qui ne veut plus qu’on l’appelle Wurst et qui est omni-présente cette année. Franchement ça fatigue de la voir partout et il est temps qu’elle aille faire autre chose.
Vous l’avez compris je suis d’humeur maussade. Depuis le cadeau empoisonné que Jon Ola et ses sbires nous ont fait dans la nuit de jeudi à vendredi, je suis en mode déprime. Le soufflé qui était monté au moment des premières répétitions de dimanche est retombé brutalement. Ici les Français s’attendent à un mauvais résultat. C’est l’ampleur de ce mauvais résultat qui reste à déterminer. Franchement si on nous propose la place de Téo l’an passé, 16ème, je signe tout de suite. Mais quand on joue au petit jeu de qui a des chances d’être derrière nous, on mesure la difficulté d’accéder à une simple 16ème place. Royaume Uni, Lituanie, Chypre, Pologne, Hongrie, peut-être Albanie et Allemagne, si on calcule on est plutôt 20/22ème.

J’entends déjà les oiseaux de mauvaise augure, se rappeler à notre bon souvenir, et renouveler leurs critiques. Je vais aussi me calmer un peu car tout ceci n’est que de la musique et n’a pas beaucoup d’importance au fond. Toutefois je tiens à saluer le travail de France Télévision, de Nathalie André et de Fred Valencak. Car ils ont bien bossé. Ils sont arrivés et tout était prêt, seuls quelques petites corrections ont été faites. Nathalie André est une pro et ça se sent. Elle suit ce qui se fait aujourd’hui dans le milieu du spectacle, elle y puise des idées, qui, couplées avec sa propre imagination nous ont donné la superbe performance française. Maintenant il ne reste plus à Lisa qu’à donner le meilleur d’elle, de profiter de la fête, de ne pas se prendre la tête avec les points. Qu’elle reste digne et conserve sa bonne humeur. Surtout pas de réflexion déplacée sur les votes de blocs, ça ne sert à rien sinon qu’à donner une image de mauvais perdant.
Qui va gagner ? Je reste sur l’Australie. C’est pour moi le titre à même de fédérer toutes les générations et tous les jurys, avec en plus le côté exotique. Guy Sebastian a cartonné hier soir et fait bouger tout le Wiener Stadthalle, Sinon la Russie et l’Italie sont de redoutables concurrents et peuvent aussi prétendre à la victoire. Les outsiders du jour sont la Suède (dont la cote, ici, a baissé), la Belgique et la Lettonie. Mais depuis que la Norvège a été choisie pour annoncer les points en dernier (avec un 12 points garanti pour Måns Zelmerlöw) on se demande si la Suède n’a pas gagné la finale des jurys hier soir. Plus personne ne parle de l’Estonie et de la Slovénie, complètement oubliées elles aussi. Sinon, que retenir de la soirée d’hier? Le bisou lituanien est à la fois, hétéro (pour le duo Monika Linkytė & Vaidas Baumila), gay et lesbien (avec les danseurs). Il est temps qu’on aille en Russie pour calmer le côté trop gay de ce concours. L’UER a mis en avant le côté varié du spectacle pour justifier la désignation de l’ordre de passage par la production, et c’est encore raté, car entre la 14ème et la 20ème chanson on cherche désespérément la diversité des styles. Heureusement qu’il y a la magnifique performance de Knez, le Montenegrin. Enfin, terminer par l’Italie est une bonne idée et conclut magnifiquement ce spectacle.

Du côté des interval acts le premier n’a aucun intérêt, donc vous pouvez faire la pause pipi et voter vous ne manquez rien. Le second, qui suit la clôture des votes, c’est Conchita qui interprète un medley. Il y aussi, ça et là, quelques séquences vidéos avec des images des anciens concours, notamment les réactions des lauréats à l’annonce de leur victoire.
Nous sommes dans le centre de presse, où il est difficile de trouver une place. La générale de l’après-midi s’est terminée par la cérémonie des votes. Sur nos écrans, on a vu défiler un grand nombre d’anciens participants du concours, parmi les porte-paroles. Côté français c’est Virginie Guillaume qui est sensée donner les points de la France ce soir, mais visiblement elle n’a pas daigné faire sa courte répétition de l’après-midi et c’est une obscure nana de FTV qui s’y est collée. Franchement des fois on mérite des claques. Notre amie Margaux, Miss Ile de France est passée et elle a tout émoustillé nos voisins Italiens. Eux croient à la victoire des Il Volo et nous annoncent Turin ou Milan comme probable ville hôte du concours en 2016, si l’Italie gagne bien sûr.
Le centre de presse bourdonne. Certains des concurrents font des apparitions pour de courtes interviews. On a aperçu notamment les Autrichiens, le Chypriote Yánnis Karayánnis, l’Allemande Ann Sophie, et le Belge Loïc Nottet, très demandé depuis quelques jours. D’autres vont sans doute passer tout au long de l’après-midi. Bojana la Serbe vient de faire son entrée dans le centre de presse sous les applaudissements de la foule. Notre ami Fred Valencak, chef de la délégation française, est passé nous saluer dans le centre de presse et nous a souhaité une bonne soirée.
Les pigeon holes ont été vidés. Une loterie a été organisée. Les malchanceux sont tombés sur un casier vide, les chanceux sur un casier avec quelques titres et les très chanceux avec un casier bien rempli. Stéphane a récupéré une bonne dizaine de tickets et il est désormais un homme heureux.

Côté supporters, si les Français sont fatalistes, les belges sont excités, « tendu comme un string » nous dit David, notre collègue Belge. Les Italiens sont venus en force. Il y aura de l’ambiance ce soir dans le centre de presse, où nous allons passer notre soirée, et, on l’espère, beaucoup de suspense ! Profitez bien de cette grande finale.
Dernière petite chose, le centre de presse a voté. Nous n’avons pas voté comme d’habitude avec un Top 10. On a juste donné le nom de celui qu’on voit gagner.