Comme prévu le Danemark remporte le concours

Comme prévu le Danemark remporte le concours

par Farouk VALLETTE
le 22.05.13 à 15:37

Comme prévu le Danemark remporte le concours

C’est finalement dans le centre de presse que nous avons passé la soirée. J’ai pu voir la prestation d’Amandine sur une barrière, faisant semblant de ne pas comprendre une fille de la sécurité qui me demandait de descendre, mais ensuite je ne voyais plus rien qu’une nuée de drapeaux et, de temps en temps, très furtivement, la tête d’une chanteuse ou d’un chanteur (sauf la moldave que j’arrivais à voir à peu près bien sur la fin de sa chanson). On va donc imposer pour l’an prochain, si les places debout sont renouvelées, les escaliers, les cubes de verre et les élévateurs. Après un coucou de loin à Jean-Paul Gauthier et, lassés de ne rien voir, on a donc quitté l’aréna, sans regret, pour le centre de presse.
Grand écran et ambiance garantie au centre de presse (grecs, ukrainiens, danois, norvégiens, russes surtout). A la pause, on a profité de ce que les pigeon holes étaient en train d’être vidés, pour récupérer des Cds qu’on a donné ensuite aux français présents à l’euroclub. L’énoncé des points a été difficile. D’abord parce que a réalisation était plutôt mauvaise. Ensuite parce que quand nos voisins danois, grecs ou ukrainiens criaient régulièrement leur joie quand ils recevaient des points, nous, nous n’avons pu le faire que cinq petites fois et dans la parfaite indifférence.
Ensuite ce fut la conférence de presse d’Emmelie de Forest, qu’il a fallu attendre de longues minutes. Niveau questions, la presse présente n’était pas très inspirée et on a eu droit à une bonne série de questions les plus tartes les unes que les autres. Ensuite il a fallu attendre (longtemps), un shuttle bus qui ne venait pas. A nos côtés des membres de délégations, car, sachez-le, l’eurovision c’est comme Cendrillon. Quand le concours se termine, les délégations perdent leur bus et se retrouvent à pied. Seule la délégation du vainqueur conserve son bus tout le dimanche (avec une voiture de police en prime). La pauvre Alyona Lanskaya n’a heureusement pas eu à attendre un shuttle bus. Sa délégation lui a royalement offert un taxis pour quitter l’Arena. Nous, c’est finalement en train que nous avons rejoint l’euroclub. Un euroclub blindé comme jamais, avec , ce qui est rare, autant de filles que de garçons. Beaucoup de délégations étaient présentes (Norvège, Hongrie, Malte, France, Islande, Arménie, Espagne, Macédoine, Bulgarie), ainsi que des stars suédoises habituées du Melodifestivalen (Carola, dont la participation au concours a été la plus courte de l’histoire de l’eurovision, Martin Rolinski, Sarah Down Finner et beaucoup d’autres). Emmeli de Forest est venue sur la scène, mais il y avait une telle meute autour d’elle que ce fut impossible de l’approcher. Toute la délégation française était présente mais sans Amandine qui avait préféré rester en famille. Cyril Féraud avait mis Mireille Dumas au lit et s’éclatait sur le dancefloor. Juste à côté de nous, Margaret et la délégation norvégienne dansaient frénétiquement, surtout le batteur passablement bourré. Et c’est à six heures du mat que nous avons regagné notre appart, bien fatigués, pour une très courte nuit.

Levés à onze heures, nous avons, sous la pluie, pris la route de la station de train pour gagner l’aéroport de Copenhague, où nous avons attendu tristement notre vol. Autour de nous les arméniens et les espagnols aussi attendaient leur avion. Déjeuner sur place (50euros deux malheureux plats de pâtes!) et prise de tête avec la sécurité (danoise qui nous laisse penser que les danois sont aussi aimables que les suédois). Deux heures de vol et nous nous quittons tout tristes après avoir récupéré nos bagages.
Le rideau est donc définitivement tombé ce samedi soir à plus de minuit et demi sur l’eurovision 2013 et l’heure est au bilan. Les points sont désormais connus et décortiqués.
Le Danemark a ainsi remporté ce concours, comme on s’y attendait depuis trois mois. Chanson la plus consensuelle, sa victoire est nette.
Plus surprenantes sont les places 2 et 3. Ces deux chansons étaient appréciées mais pas au point de les voir sur le podium. Seulement elles ont été magnifiquement mises en scène. Deux idées géniales qui, certes, peuvent faire sourire mais qui ont été efficaces et ont amenées ces deux chansons aux portes de la victoire. Le danseur contorsionniste dans son cube de verre, parfait sosie symétrique du chanteur azéri, et le géant qui porte Zlata l’ukrainienne dans une ambiance de contes de fées Disney revus et corrigés à la mode slave. Depuis les répétitions on savait que ça allait cartonner, ça l’a fait. Félicitations donc à l’Azerbaïdjan et à l’Ukraine pour ce magnifique travail qui nous rappelle que l’eurovision est avant tout un spectacle télé qui se prépare longtemps à l’avance et très sérieusement.
La Norvège avait sans doute la chanson la plus actuelle, et la prestation de Margaret Berger était préparée au millimètre prêt. Il manquait sans doute à cette chanson le regard chaleureux d’un Alexander Rybak. Trop propre, trop lisse et trop glacée, « I feed you my love » aurait pu, avec un peu plus de gaité, terminer encore plus haut. Mais j’imagine que ce résultat satisfait pleinement la délégation norvégienne, qui aurait, j’imagine, peu apprécié de devoir organiser le concours quatre ans après Oslo 2010.
Quand la Russie envoie une chanson moyenne, elle termine aux portes du top 10, alors quand c’est une bonne chanson très bien chantée, on s’attend à la retrouver haut ce qui a été le cas. 5ème place, la Russie se maintient donc à un bon niveau comme l’an passé.
Nos amis grecs ont été époustouflants sur scène. Certains trouvent cette prestation bordélique. Ils se trompent. Elle a été au contraire, très bien préparée et le résultat est impeccable. Koza Mostra nous a transmis sa joie et son plaisir d’être sur scène, et Agathonas, alias « Big Moustache », d’habitude plutôt ronchon s’est décoincé. 6ème place méritée.
J’ai plutôt été déçu par la prestation de l’italien Marco Mengoni qui en a rajouté en mimiques et en grimaces. Résultat l’Italie n’obtient que la 7ème place alors qu’elle pouvait espérer mieux.
Très bonne surprise pour le gentil maltais Gianluca que personne n’aurait imaginé si haut. Pourtant depuis les demi-finales, jeudi, sa cote était en hausse et il apporte à Malte son meilleur classement depuis Chiara en 2005. Gianluca nous a mis en joie et nous sommes ravis de son classement.
On attendait d’Anouk, qu’elle mette fin à presque dix ans de vaches maigres pour les Pays-Bas. Mission accomplie. Pourtant, avec un peu plus d’implication je suis persuadé qu’Anouk aurait pu être encore plus haut.
L’ovni de ce concours, le hongrois ByeAex, a réussi son pari et ce n’était pas gagné d’avance, car beaucoup ne le voyaient pas passer le cap des demi-finales. Dans un concours où l’extravagance et la démesure sont la règle, la sobriété et la retenue de ByeAlex, et le côté décalé de la chanson ont séduit et c’est mérité. Bravo à la Hongrie qui renoue avec son bon classement de 2007.
La Moldavie fait des efforts, mais il manque toujours un petit quelque chose qui fait que ça reste aux portes du Top 10. Peut-être en a-t-elle fait trop ? Et quel besoin de la faire s’élever dans les airs. Cet effet n’apporte rien à la chanson et, même, la dessert selon moi.
On est très fier de la Belgique. Après avoir choisi une chanson vouée par tous à une brutale élimination en demi-finale, les belges ne se sont pas découragés. Ils sont retravaillé leur chanson avec un producteur finlandais. Ils ont accompagné Roberto Bellarosa de choristes qui donnent plus de coffre à « Love kills ». Et ils ont ajouté une petite choré, qui, si elle ne casse pas des briques, se marie très bien avec l’ensemble. Bref, pour ce petit pays isolé, c’est une jolie performance, dix ans après le mythique « Sanoni ».
On savait que Cezar ferait son effet. Dans une prestation haute en couleur et kitchissime, il a fait le boulot. Mais ça reste trop pour moi et j’avoue que son élimination en demi ne m’aurait pas peiné.
Beaucoup imaginaient le suédois Robin parmi les favoris, alors bien sûr cette 14ème place peut sembler une contre-performance, surtout pour un pays qui, s’il ne gagne pas toujours, aime briller à l’eurovision. Moi j’ai toujours trouvé cette chanson très moyenne, alors je ne suis pas plus surpris que ça.
Les fans, à Malmö, n’avaient d’yeux que pour la Géorgie, alors ils ont dû tomber de haut samedi soir à l’énoncé des votes. Pourtant, à y regarder de près, cette quinzième place n’est pas vraiment étonnante. Certes ça ressemble un peu à « Running scared », mais c’est quand même moins bon, et c’est beaucoup plus kitch. Le duo Nodi et Sophie en fait des tonnes quand El et Nikki étaient plus en retenue. Et ça fait quand même un peu daté. Comme quoi faire appel à des compositeurs suédois n’est pas une garantie de succès.
Passons aux deux bouses de la soirée. Belarus et Arménie. Le problème avec ces deux pays c’est que l’un grâce à ses voisins, l’autre grâce à ses diasporas, ils peuvent chacun compter sur un nombre de points suffisants pour éviter les dernières places qui devraient leur être destinées. Le Belarus nous fait vaguement danser sur un air latino-slave mais, si c’est bien fait, c’est vu et revu, entendu et ré-entendu depuis des années à l’eurovision et ça lasse. Quant à l’Arménie, sa participation à la finale restera toujours un mystère pour moi. J’attends de savoir si ce sont les jurys ou les arméniens d’Europe qui sont responsables de cette erreur de casting.
L’Islande a plu un peu plus que l’Estonie, mais ces deux ballades étaient peut-être de trop dans ce show et finalement on aurait peut-être aimé voir d’autres styles musicaux. Quant au lituanien Andrius, je n’ai jamais trouvé d’intérêt ni à sa chanson ni à sa prestation. Et ce que j’ai vu samedi soir ne m’a pas fait changer d’avis.
Le baiser lesbien était sans doute le seul intérêt de la chanson finlandaise (et encore). Et puis après avoir entendu les « ding dong » non stop pendant quinze jours j’avoue que cette chanson commence vraiment à être usée. Au moins Krista et ses copines étaient contentes d’être là et ça se voyait. Pas suffisamment pour donner beaucoup de points à cette chanson.
« Only love survives » était l’une des chansons sur laquelle on dansait le plus à l’euroclub. Alors pourquoi cette dernière place ? Je ne sais pas trop je l’avoue. Peut-être les cœurs avec les mains un tantinet cul-culs? Il aurait sans doute mérité un meilleur classement.
On termine avec le Big 5, qui réalise cette année une de ses plus mauvaises performances (sauf l’Italie). Si on s’attendait à un mauvais résultat du côté de la France et de l’Espagne, on ne peut que s’étonner du gadin du Royaume Uni et de l’Allemagne. Bonnie Tyler, la grande Bonnie Tyler, sans doute l’une des plus grandes stars à être passées sur la scène de l’eurovision, qui obtient une piteuse 19ème place. Elle partait en plus avec un capital notoriété et sympathie très important. Alors pourquoi ce ratage ? La faute à une chanson banale et qui fait terriblement (trop ?) années 80-90. Et puis Bonnie nous est apparue usée, vieillie et fatiguée, sous ses cinq couches de maquillage, et pas toujours très sûre de sa voix. Quand à Cascada, l’icône teutonne de l’euro-dance européenne, elle fait encore pire: 21ème. Dans une prestation qui rappelle plus le Melodifestivalen que ce qu’on entend en boîte de nuit, Natalia n’a pas toujours chanté très juste. Le stress ?
Amandine Bourgeois nous a offert une bonne prestation, mais on savait que ça chanson ne collait pas au concours et c’est donc presque naturellement qu’elle termine 23ème. Mais on n’aurait pas été contre d’être classé quelques places plus haut. Enfin l’Espagne est donc la dernière du Big 5, avec El Sueno de Morfeo, qui a été choisir au fond de ses tiroirs une chanson absolument pas faîte pour l’eurovision. Je trouve, de plus, que ce groupe manque terriblement de personnalité et d’originalité et j’avoue ne pas trop comprendre son succès outre-Pyrénées. Avant-dernier c’est déjà bien.
Quelques remarques sur les éliminés. Dans la demi1 c’est la Serbie qui décroche la 11ème place devant le Monténégro. Chypre et Slovénie récupèrent les peu enviables dernères places. Bref rien de surprenant. Les surprises sont à chercher dans la demi2, où Saint-Marin (on s’y attendait) a été éliminé, tout comme Israël (on ne s’y attendait pas du tout) faisant verser des torrents de larmes aux malheureuses Valentina et Moran. Chanson adorée des eurofans, « Chrysalide » avait malgré tout des défauts. Un final rythmé qui arrivait trop tard dans la chanson (un peu comme Amandine) et un style musical dépassé. Par contre je n’arrive pas à comprendre pourquoi Israël n’est pas passé quand des ballades moins fortes comme l’Islande ou l’Estonie ont obtenu leur billet pour la finale. Il y a sans doute une explication qui m’échappe. Israël est sans doute plus isolée qu’on ne l’imagine.
Voilà, c’était mon dernier billet du jour. A l’année prochaine.