La France fait sensation

Plus de nouvelles de Farouk ? Ben oui, je suis maintenant en mode vacances. Ce mardi après-midi je viens de m’installer dans le centre de presse où je vais rester jusqu’à l’annonce des dix premiers qualifiés de la grande finale de samedi soir. Hier, lundi 18 mai, j’ai profité de Vienne et je suis allé sur les traces de Sissi au château de Schönbrunn, sans doute l’un des plus beaux palais d’Europe. Là où vivaient les Habsbourg au temps de la splendeur de l’empire Austro-Hongrois. C’est pourquoi j’ai pris du temps pour rédiger mon billet, même si l’actualité de ces derniers jours était intense.
Traditionnellement le dimanche d’avant-concours, donc la journée d’avant-hier, est une journée doublement importante. En effet la matinée, jusqu’en milieu d’après-midi, c’est le Big 5 et le pays organisateur (avec l’Australie en plus, cette année) qui répètent pour la première fois et en début de soirée « Red carpet », cérémonie du tapis rouge, qui est à l’Eurovision ce qu’est la montée des marches au Festival de Cannes.
Il y avait déjà beaucoup de monde au centre de presse, quand je suis arrivé ce dimanche matin pour voir ces répétitions sur écran, sans doute parce qu’on commençait par l’Italie. Il Volo nous a fait le service minimum. Le visuel, plutôt joli, et fait penser à la Rome antique, mais les trois garçons sont quand même assez statiques. Savent-ils que c’est une émission de télé et qu’on doit bouger en jouant avec les caméras ? Cette simplicité dans la mise en scène ajoutée à une certaine retenue vocale qui n’a échappé à personne, laisse entendre que du côté de Rome on ne serait pas fâché d’avoir simplement une bonne place. La rumeur qui court est que si elle gagne, L’Italie puisse être exemptée d’organiser l’an prochain. Pas certain que l’UER n’apprécie.

L’Autriche a fait son job, prestation propre pour une chanson qui ne m’accroche pas. Puis ce fut la prestation très attendue de l’Espagnole Edurne. Habillée d’une cape noire, on devine qu’elle va la laisser tomber vite, ce qui est arrivé, pour laisser découvrir une robe claire brillante. Elle est accompagnée d’un danseur et tous les deux nous proposent de jolies acrobaties qui rendent très bien quand la caméra filme de dessus. Vocalement y’a du boulot, d’autant plus que la petite montée en puissance finale est encore plus faible que sur le single. L’Espagne n’est pas encore au point.

L’Allemagne nous a proposé un show à l’américaine. Ann-Sophie bouge bien avec sa voix de soul woman. C’est très proche de ce qu’elle nous a proposés à la sélection allemande mais en mieux.

Le Royaume Uni file tout droit vers la dernière place. C’est mauvais. Deux couples de danseurs accompagnent le duo, mais hélas n’ensemble ne passe pas du tout à l’écran. C’était le risque avec cette chanson. Et qui donc a eu l’idée du boîtier et des câbles dans le dos de la danseuse ? Il ne mérite ni plus ni moins qu’un séjour dans la terrifiante tour de Londres.

La France a donc été la révélation de la soirée. Lisa est vocalement parfaite et aidée par une choriste qu’on ne voit pas sur la scène. Le visuel est un village (américain ?) en ruine qui veut revivre et sur les murs duquel est tagué « N’oubliez pas » en plusieurs langues. On voit des colombes s’envoler et dans la dernière partie de la chanson apparaissent sur la scène quatre tambours que l’on retrouve sur l’écran multipliés, comme une armée en marche. L’effet est magnifique. Les Français ont bien bossé. La prestation a d’abord été applaudie à l’apparition des tambours et de manière plus intense à la fin. Le centre de presse est sous le charme. Il se passe quelque chose sur cette chanson. La robe est rose et longue et Lisa porte de longs gants en dentelle noire. La France a fait forte impression et un Top 10 est à portée de main et peut même espérer mieux ? Lisa et son entourage doivent maintenant rester concentrés, ne pas se laisser distraire par les compliments élogieux, et bosser les petites choses qui pourraient être améliorées. On attend la seconde répétition. En conférence de presse Lisa était accompagnée de Nathalie André, Fred Valencak et d’une interprète qui n’a pas servi à grand-chose car rapidement des conversations se sont faites en français. Lisa est très fière et surtout heureuse et ça se voit. Elle réalise sans doute l’un de ses rêves les plus chers. Elle a défendu le choix d’interpréter son titre en français, persuadée que le sens du titre sera compris par les téléspectateurs.

L’Australie était la dernière à répéter. C’est pro. Guy Sebastian est bien le showman qu’on connait. Il est accompagné de quatre danseurs/choristes et son visuel est plutôt joli avec des poteaux d’éclairage qui donnent l’impression qu’il marche sur une route. On pourrait trouver que ça manque un peu de pêche, mais je pense que ça va progresser au fur et à mesure et que vendredi soir Guy sera prêt pour les jurys. A n’en pas douter l’Australie sera haut cette année.
Les répétitions terminées, il fallait filer à la cérémonie du « Red Carpet ». C’est l’un des évènements majeurs du concours. Sans doute celui où ils prennent le plus de plaisir, où ils ont l’impression d’être des stars. Les délégations parées leurs plus beaux atours arrivent dans des minibus. Ils doivent d’abord se placer devant le mur de sponsors pour un shooting photo réservé à quelques photographes privilégiés et petit à petit avancent sur le tapis. Ici une petite interview, là une photo ou un selfie. La progression est d’autant plus lente que l’artiste est demandé. Résultat : l’ordre d’arrivée en haut des marches n’est pas toujours celui à l’entrée du tapis rouge. Ainsi la très maussade, et peu populaire, Trijntje Oosterhuis a doublé tous ses concurrents et est arrivée la première au bout du « red carpet ». Dans la délégation islandaise, la cultissime Hera Björk a totalement éclipsé la pauvre María Ólafsdóttir, alors qu’en venant pieds nus elle avait tout fait pour se faire remarquer. On a aperçu aussi dans la délégation serbe, la gagnante de 2007, Marija Šerifović. Le sourire ultra-bright du Suédois Måns Zelmerlöw a fait des ravages et il est sans conteste le numéro un au top des photos. Conchita Wurst était la première à monter le tapis rouge avec sa nouvelle coiffure, une coupe d’été très tendance.

Le dimanche soir l’Euroclub a ouvert. Le bâtiment qui porte le nom d’une célèbre marque de bière, Ottakringer, est énorme avec plusieurs salles. On pourrait s’y perdre. Dans la grande salle la chaleur y est étouffante et faire un tour dehors s’avère nécessaire pour se rafraîchir. Nous y sommes allés hier soir (soirée israélienne) et c’était rempli.
Lundi soir, nous étions dans la salle du Wiener Stadthalle pour la répétition dite des jurys professionnels de la première demi-finale. A côté de nous deux Australiennes venue tout exprès de du pays des kangourous pour l’occasion. Visiblement elles étaient ravies. Le spectacle nous a beaucoup plus. Avant le début du show les artistes ont été présentés au public puis sont allés de la scène à la green room située dans le fond du Wiener Stadthalle. Ensuite les animateurs nous ont proposé un best-of vidéo des plus célèbres chansons du concours. Une très bonne idée, qui nous change des reprises low-coast des groupes locaux auxquels on est habitué. Et, cerise sur le gâteau, on a eu droit à un compte à rebours de 60 secondes en 60 images : tous les gagnants depuis 1956.
Conchita (qui n’est plus Wurst, juste Conchita) a ouvert le spectacle avec sa reprise de « Rise like a phoenix ». Elle a trouvé sa place au milieu de la green-room où pendant les coupures publicitaires elle papillonne avec les artistes, ici avec Bojana ou là avec Trijntje Oosterhuis. Les trois présentatrices sont plutôt pas mal, mais on peut se demander pourquoi elles sont trois, une seule suffisait. Le show doit encore être travaillé car les transitions entre les différentes séquences ne sont pas encore au point. Du côté des différents interval acts on remarque une séquence de visite de Vienne proposée par un chien, un chat et un cheval, munis d’une caméra sur la tête. Très drôle. Les autres sont les éternelles petits moments drôles des anciens concours, vus et revus, mais ici à la mode autrichienne. A noter qu’après le récapitulatif, Lisa Angell et Edurne devraient être interrogées rapidement. Enfin les cartes postales sont très jolies. Le fil conducteur : chaque représentant reçoit chez lui un paquet avec un objet caractérisant une activité artistique typiquement autrichienne, et il est invité à y participer. Ainsi la Géorgienne Nina réalise-t-elle une robe en dentelle.
Ce show nous a permis aussi d’avoir, si c’est possible, les idées un peu plus claires sur les dix qualifiés de ce soir. Si l’élimination de l’Albanie ne fait de doute pour personne, les Pays-Bas eux aussi sont vus éliminés ce qui ne chagrinera personne et la Belgique semble en danger. Un ordre de passage un peu plus bas aurait été de bon augure pour nos amis Belges. Pour le reste c’est flou. Ici la Macédoine et le Belarus n’ont pas fait forte impression, mais avec leurs voisins amicaux ils pourraient passer la barre fatidique. La Serbie a elle mis la salle en délire le public en manque de chansons qui bougent, mais cette chanson typiquement d’eurofans aura du mal à plaire aux jurys. La Hongrie pourrait faire les frais de son isolement et son très beau visuel risque d’être insuffisant pour la sauver. Le Danemark aussi risque de ne pas passer. Cependant chacun s’accorde à considérer que l’Estonie, la Géorgie, la Roumanie, la Finlande (très applaudie) et surtout la Russie vont passer. Cette dernière a fait très forte impression, et même si je ne suis pas fan, je dois admettre que c’est époustouflant. Enfin malgré leur passage au début la Moldavie, et l’Arménie sont dans une bonne dynamique. Je n’ai pas évoqué la Grèce. La prestation de Maria-Elena m’a semblé loupée et je pense que si la Grèce risque une élimination c’est pour cette année. Le centre de presse a voté (voir photo).

Alors ? Je tente une liste de dix qualifiés : Russie, Estonie, Moldavie, Arménie, Géorgie, Roumanie, Danemark, Finlande, Belarus et je tente la Belgique. J’élimine donc Grèce, Pays-Bas, Macédoine, Albanie, Hongrie et Serbie (pardon Bojana !).
Bonne demi-finale. C’est à 21h sur France Ô.