C’est par une finale nationale télévisée que le candidat français sera choisi cette année. Un comité d’écoute composé de 14 personnes dont un eurofans, s’est réuni le 26 novembre pour sélectionner les 3 artistes.
Les chansons seront dévoilées dans l’émission Les chansons d’abord, présentée par Natasha Saint Pier, le 26 janvier à 16h40. Marie Myriam, Anggun, Amaury Vassili, et la troupe des « chansons d’abord », reviendront sur les grands moments du concours.
Le public, dont la voix comptera pour 50% dans le résultat final, aura jusqu’au 23 février pour faire son choix…
– par téléphone au 32 45 (0,34 €/min. + coût selon opérateur)
– par SMS en envoyant 1, 2 ou 3 au 73003 (2 x 0,65 € + prix du SMS)
– par Internet sur le site de France 3
Le titre gagnant sera révélé par Natasha St-Pier dans Les chansons d’abord le dimanche 2 mars 2014 à 17h.
Découvrez ici les 3 candidats, que cocoricovision a eu la chance de rencontrer pour vous !
On ira à l’Eurovision dans un esprit de victoire et de fair-play
Destan est un trio constitué de Dean, Kilian et Quentin, trois jeunes artistes qui n’ont même pas vingt ans. Dean est le plus jeune membre du groupe. Il baigne dans la musique depuis son jeune âge. Batterie, piano, guitare, et bien sûr chant, il touche à tout. Il est aussi grand fan d’Harry Potter et un as du basket. Kilian est lui aussi passionné de musique depuis son jeune âge. Mais c’est aussi un amateur de sports extrêmes et de tennis, qu’il a pratiqué pendant dix ans. Et comme un certain Roman Lob, il ne se déplace jamais sans son bonnet fétiche. Enfin Quentin, qui est d’origine suisse, est un musicien pour qui le piano n’a plus aucun secret. C’est le baroudeur du groupe. Mais à ses heures perdues il prend des cours de comédie et se rêve devant ou derrière la caméra. Les Destan sont très actifs sur les réseaux sociaux et adorent être en contact permanent avec leurs fans, qui, à n’en pas douter, seront au rendez-vous à partir du 26 janvier, pour les soutenir. Leur chanson s’intitule Vole.
Cocoricovision : Parlez-nous de votre rencontre.
Destan : On s’est rencontrés dans des studios de répétition qu’on fréquentait tous les trois individuellement à Paris. Et de fil en aiguille il y a eu un bon accrochage entre nous. On s’entendait bien sur le plan social et on s’est dit « Pourquoi ne pas faire de la musique ensemble ? ». Et Dean connaissait notre compositrice actuelle, la grande Laura Marciano, qui a composé, entre autres, le premier album de Tal, et elle nous a donné cette chance de monter ensemble un groupe, et de chanter de belles chansons tous les trois, dont « Sans toi » cette ballade qu’on interprète pour cette sélection.
Coco : Comment a été réalisé « Vole » votre premier single ?
Destan : Ça a été rapide et lent à la fois parce qu’on apportait sans cesse des modifications sur ce morceau. C’était notre première expérience et ça a donc été très enrichissant, notamment avec notre premier clip qu’on a pris beaucoup de plaisir à faire. Ce fut une journée incroyable. C’est ce titre qui nous a permis d’avoir la première base de fans, la « Destan Family », avec lesquels on parle tous les jours sur Twitter. On doit beaucoup à ce titre.
Coco : Vous êtes très suivis sur les réseaux sociaux, Twitter, Facebook, avec un nombre de fans assez impressionnant. « Vole » est une chanson plutôt rythmée, alors que la chanson que vous proposez pour cette sélection « Sans toi » est plutôt lente. Pourquoi ce choix ?
Destan : « Sans toi » s’approche un peu plus de l’ambiance de notre album que « Vole ». On souhaite faire de la pop-rock mais dans l’album il y aura beaucoup de surprises et des choses très différentes.
Coco : La sortie de l’album est prévue pour quand ?
Destan : On ne peut pas le révéler maintenant. Ce sera une surprise.
Coco : Vous avez un peu l’étiquette de « One Direction » à la française. Est-ce que c’est quelque chose que vous acceptez ?
Destan : On l’accepte complètement et pour nous c’est un compliment quand on voit le succès des « One Direction » aujourd’hui. Mais nous sommes à des années lumières d’eux. Ce sont de grands artistes avec un univers propre à chacun. En trois ans ils ont trouvé une nouvelle façon d’être des artistes.
Coco : Quels sont vos artistes de référence ?Destan : Ça va des bases du rap aux bases du rock. Des groupes comme Linkin Park, One Republic, The Script, mais aussi James Morrison et Gavin DeGraw, beaucoup de pop-rock américaine donc. Muse, évidemment Michael Jackson , mais aussi Ray Charles. On écoute beaucoup de styles de musique. On ne veut pas se limiter à un style. On écoute tout aussi bien Travie McCoy, Kid Cudi ou Kanye West.
Coco : Qui est le plus sérieux des trois ?
Destan : On a nos phases, mais (c’est Quentin, et Kilian qui répondent) en toute objectivité c’est Dean.
Coco : Et le plus fêtard ?
Quentin, et Kilian : C’est Dean !
Coco : Comment est-ce que vous vous voyez, quels sont vos traits de caractère qui ressortent le plus ?
Destan : On est très perfectionnistes mais aussi assez gentils. On aime voir les gens sourire autour de nous c’est notre philosophie de vie.
Coco : Qu’est-ce que vous connaissez de l’Eurovision et qu’est-ce que ça évoque pour vous ?
Destan : Ça nous rappelle des souvenirs. Des soirées avec nos parents. Des étoiles plein les yeux, des lumières partout. C’est la plus grande scène du monde. Il y a 100 millions de personnes qui regardent. Si on y arrive avec ce titre, on sera très excités et on ira dans un esprit de victoire mais aussi de fair-play.
Coco : L’Eurovision est un programme très formaté avec des chansons elles-mêmes très formatées où des groupes avec de jeunes artistes ont connu des fortunes diverses. Comment comptez-vous mettre en valeur votre chanson dans ce programme où la mise en scène compte autant que l’interprétation ?
Destan : Il faut rester simple et il faut que ça se voit sur la scène. Il faut être soi-même. C’est dans cet esprit qu’on veut y aller. Et puis la période actuelle est difficile. Ces trois minutes c’est aussi trois minutes pour oublier les difficultés du quotidien et vendre un peu de rêve.
Coco : L’Eurovision est une énorme machine qui a surpris même les plus grands artistes qui y ont participé. Etes-vous prêts à vivre une exposition médiatique sans précédent.
Destan : Oui! Côtoyer les fans et le publics, agrandir la « Destan Family », on n’attend que ça !
Mon métier est de chanter et de donner du plaisir à l’auditeur et au spectateur
Joanna Lagrave, qui se fait aussi appeler Lix’N (à prononcer comme Listen en anglais), est âgée de 26 ans. Elle baigne dans la musique noire américaine et la chanson française depuis toute petite. A l’adolescence elle s’ouvre à beaucoup d’autres styles et à treize ans, à l’issue d’un concours de chant qu’elle remporte, elle décide que la musique sera son métier. S’en suit un grand nombre de concours de chant et de scènes où elle brille. Son talent prometteur ne pouvait pas échapper aux jurés de sélection de la Star Academy qui la recrutent pour la saison 8, où elle s’illustre pendant dix semaines, n’échouant qu’aux portes de la finale, bien qu’elle ait toujours figuré dans le Top 5 des professeurs (elle fut la seule de la saison). Après la sortie de son single « L’école des duplicatas » en novembre 2009, elle entre dans la troupe « Il était une fois Joe Dassin », qui est présentée d’abord plusieurs mois au Grand Rex à Paris avant de faire une tournée de près de deux ans en France et à l’étranger, jusqu’en Russie ! Depuis elle travaille à son premier album. De célèbres auteurs et compositeurs lui ont d’ailleurs proposé des titres. La chanson qu’elle propose pour la sélection française de l’Eurovision est « Ma liberté ».
Cocoricovision : Joanna, tu es certainement l’artiste la plus connue du grand public dans cette sélection, du fait de ta participation à Star Academy en 2008. Que retiens-tu de cette aventure ?
Joanna : Je retiens beaucoup de leçons humaines, et aussi beaucoup d’expériences à la télévision, qui est très différente de la scène. D’ailleurs je suis tombée amoureuse des plateaux télé. J’adore côtoyer le public qui est là, qui est vrai et qui réagit à l’émotion qu’on peut envoyer. Et en même temps on est dans un environnement très fabriqué où il n’y a que nous et le public qui pouvons être sincères.
Coco : Durant les « prime » tu as eu l’occasion de chanter avec de grandes stars (Katy Perry, Craig David, Jennifer, Seal, les Pussycat Dolls, Nadiya, Johnny Hallyday). Qu’est-ce que ces duos avec ces personnalités t’ont apporté ?
Joanna : D’abord ça m’a apporté de la confiance en moi, dans le sens où quand j’arrivais en répétition avec eux, ils me parlaient d’égal à égal. Et c’était inattendu pour moi. Les Pussycat Dolls me parlaient comme si j’étais la sixième Pussycat Doll et c’était génial. Et en les observant aussi j’ai beaucoup appris. Ce qui est dommage c’est qu’on n’avait pas trop l’occasion de leur parler très longtemps.
Coco : Un grand moment de cette Star Academy c’est ta performance sur « Highway to hell », le standard d’AC/DC. Comment arrives tu à être aussi performante sur tous les styles de musique, funk, pop, hard-rock, hip-hop ?
Joanna : Tout ça vient de Michael Jackson à la base. Mes parents n’étaient pas fans de Michael Jackson, mais moi à trois ans oui. Et Michael Jackson était quelqu’un qui puisait ses influences un peu partout. Ça m’a ouvert l’esprit à tous les styles de musique. Et tout au long de mon évolution musicale j’apprenais de tous les styles de musique. Je m’imprégnais de chacun le mieux possible. J’en prenais et j’en laissais, pour me faire mon identité. Je n’avais pas envie de ressembler à untel. J’avais envie de trouver ma voie, mon son.
Coco : Après une exposition médiatique intense comme Star Academy, comment se passent les mois qui suivent ?
Joanna : Déjà en sortant c’est un choc, car quand on y rentre on est complètement inconnu et quand on en sort on a des gens qui vous courent derrière. Et c’est dur à assumer car on n’a pas forcément envie de faire ce métier pour ce genre de raison. Moi si je fais ce métier c’est pour la musique, pour la passion de la musique, pour la scène, pour le plaisir du public qui m’écoute. Quand je suis sortie, mon premier but était de ne pas lâcher l’affaire, de continuer à faire des concerts et de travailler sur mes chansons avec le plus de passion possible.
Coco : Après il y a eu l’aventure « Il était une fois Jo Dassin » en 2009. Peux-tu nous parler un peu de cette aventure ?
Joanna : C’était une belle expérience. Une expérience de troupe, ce que je n’avais jamais connu. On est tous ensemble. Une nouvelle famille se crée. Et il y avait tout un répertoire à apprendre qui ne m’était pas familier. Il y a eu trois mois de Grand Rex, et deux ans de tournée. Et nous vivions tous ensemble. Ça m’a enrichi, m’a montré que je pouvais travailler en groupe alors que je me sens plus solo. On a fait de grandes salles, des zéniths, ça a été un kif total. On a été en Belgique, en Suisse mais aussi en Russie, en Ukraine. C’était génial, et très enrichissant. Ça m’a aussi permis d’en savoir un peu plus sur moi. Quelle artiste je veux être.Coco : Il y a eu aussi « L’école des duplicatas », un single qu’on n’a pas beaucoup entendu en radio. Peux-tu nous parler un peu de cette chanson ?
Joanna : Ça s’est fait juste après la Star Academy. Je pense que j’étais encore jeune et que je ne savais pas ce que je voulais faire. J’avais 20 ans et je manquais de recul. Mais je ne dirai pas que ça a été une erreur de parcours, car il ne faut jamais rien regretter. Mais ce n’est pas ma chanson préférée. C’était l’amorce d’un album qui n’a jamais vu le jour en fait. Je ne me suis pas retrouvée dans les chansons et je m’en suis rendue compte.
Coco : Il y a eu aussi « All I denied » avec RightLesS. Comment s’est passée cette aventure ?
Joanna : Ça s’est passé tout à fait par hasard. J’étais dans un bar à Metz, et il y avait ce DJ qui mixait, et il m’a proposé de travailler avec eux. Un autre style pour moi : la dance.
Coco : Pourquoi avoir choisi de participer à l’Eurovision ?
Joanna : Mon manager a proposée la chanson. J’ai été sélectionnée et j’étais très contente d’être sélectionnée parmi les trois. Maintenant que je suis dedans, j’ai envie qu’on aime ma chanson parce que j’y crois vraiment. Et c’est une ballade. Et quand on regarde dans les concours Eurovision, ce sont surtout les ballades qui portent chance à la France.
Coco : L’Eurovision est un programme très formaté avec des chansons elles-mêmes très formatées qui ont leurs codes et où il y a beaucoup de ballades, comment comptes-tu mettre ta chanson en valeur dans un programme où la mise en scène compte autant que l’interprétation ?
Joanna : La mise en scène est importante et j’ai beaucoup d’idées que je garde pour moi pour le moment. J’ai une vision de la ballade un peu plus moderne que ce qu’on peut voir en général.
Coco : As tu conscience que l’Eurovision est une énorme machine qui a surpris même les plus grand qui y ont participé et es-tu prête à vivre une exposition médiatique sans précédent ?
Joanna : Je suis prête à faire mon métier. Mon métier c’est avant tout de chanter, de donner du plaisir à l’auditeur ou au spectateur. Mais on sait que le métier c’est aussi ça, beaucoup de médias, et bien sûr oui je suis prête à ça.
Coco : Tu nous proposes donc une ballade. Peux-tu nous parler de « Ma liberté » ?
Joanna : J’ai reçu des chansons pour mon prochain album et je suis tombée amoureuse de cette chanson à la première écoute. Ça m’a donné la chair de poule, et à la deuxième écoute j’en ai pleuré. J’avais l’impression que cette chanson je l’avais imaginée et ça y est, elle était là. J’aurais pu écrire ces paroles, j’aurais pu composer cette musique. C’est comme ça que je parlerai à la personne que j’aime.
Coco : Qui a composé la chanson ?
Joanna : Elle a été composée par toute une équipe, Philip Vella et Gerard James Borg (ndlr : célèbres compositeurs maltais bien connus dans le petit monde de l’Eurovision), et Yann Guillon pour les paroles (ndlr : Yann Guillon est le parolier d’Emmanuel Moire).
Coco : Et maintenant ?
Joanna : C’est au public de décider.
Notre crédo c’est musique et joie de vivre. C’est comme une mission
Twin Twin est un trio constitué du chanteur avec les cheveux dressés sur la tête, Lorent Idir, qui est aussi parolier et slammeur, de son frère jumeau, le garçon à casquette et cheveux longs qu’on croirait sorti directement du film « Wayne’s world », François Djemel, aux platines et à la guitare, et du beatboxer avec des collants multicolores, Patrick Biyik. Twin Twin a débuté dans les squats parisiens du collectif Black & White Skins. Les frères avaient collaboré avec François Jeanneau et le cinéaste Leos Carax tandis que Patrick Biyik avait de son côté travaillé avec Daby Touré et Namasté.
Le trio s’est fait connaître très rapidement, notamment grâce à une place en finale du concours Zebrock et à leurs sélections aux festivals Chorus des Hauts-de-Seine et Paris Jeunes Talents. Les Twin Twin ont aussi fréquenté le milieu artistique ainsi que le petit monde de la mode en jouant dans des performances de plasticiens ou en faisant le show pour Andrea Crews ou Agnès B. Lorent Idir a même publié un polar, « Un nageur en plein ciel » et le groupe a aussi réalisé un moyen métrage.
En 2010, le groupe remporte le concours « Lance-toi en live » organisé par le label digital Believe et Ricard S.A. Live Music, grâce à une vidéo complètement délirante. Il en résulte une tournée avec les BB Brunes et VV Brown. Twin Twin est également lauréat du Grand Prix SFR Jeunes Talents, du FAIR 2011 et de Paris Jeunes Talents. Fin 2011, le trio est signé par Warner et sort un EP (un mini-album) « By My Side », accompagné d’un clip extravagant tout en couleur, avec la plasticienne Orlan en guest star. Depuis, le groupe fait beaucoup de scène. Il compte pas moins de 250 concerts à son actif. Il s’est même produit en Colombie ! Le 22 avril 2013, le trio sort son premier album ‘Vive la vie », porté par le single « Moi-même ». Un second single, « Je vais très bien » est sorti en novembre 2013.
Leur look multicolore ne passe pas inaperçu. Avec eux c’est le moment de ressortir toutes les fringues « Années 80 » dont on a honte, pantalons fluo, casquettes à paillettes, et joggings verts. Bref, tout ce qu’un eurofan normalement constitué planque au fond de sa penderie en rêvant de le porter à nouveau un jour.
Cocoricovision : Première question aux jumeaux, François-Djemel et Laurent-Idir, lequel est l’ainé ?
FD : Je suis l’ainé, puisque je suis sorti le deuxième, et ça m’arrange bien, pour les héritages et tout ça.
Coco : Vous êtes encore peu connus du grand public. Pouvez-vous nous parler un peu de vous, quand vous vous êtes rencontrés, comment vous avez commencé à travailler ensemble, vos influences musicales, etc …
LI : Nous nous sommes rencontrés il y a trois ans avec Patrick. Il habitait avec nous. On a commencé à faire de la musique ensemble, beaucoup de concerts, dans des petites scènes, des petits lieux, des squats, à Paris. On est vraiment un groupe qui est né du live. Et puis après il y a eu les festivals, les francofolies, le printemps de Bourges. On est parti au Canada, en Suisse, en Belgique, en Colombie. On a eu le FAIR en 2011 (ndlr : le FAIR est une association qui a pour but le soutien et l’aide au démarrage de carrière d’artistes ou de groupes musicaux domiciliés en France).
FD : On a côtoyé la scène avec des artistes comme Catherine Ringer, Philippe Katerine, Stromae, Nina Hagen, Soprano, Shaka Ponk, ou les BB Brunes. Des styles très différents.
LI : On a partagé des scènes avec eux, et on a appris aussi beaucoup avec eux. Pendant deux ans. Et ensuite on a signé avec notre maison de disques, Warner. Puis on a fait un premier album qu’on défend et qu’on essaye de mettre en route, et qui est super.
Coco : Vos chansons sont caractérisées par des mélanges de sonorités pop, hip-hop, et électro. Ça fait un peu années 80.
FD : T’as oublié le rock, qu’on retrouve sur certains morceaux. Nos influences c’est le rock, le hip-hop, la pop, l’électro. Et aussi la chanson française.
Coco : Vous aimez bien le mélange de toutes ces sonorités ?
LI : Pour nous ça fait partie de la musique d’aujourd’hui. C’est la manière d’écouter de la musique des gens. Ils ont leur playlist de mp3 et ils écoutent pleins de titres l’un après l’autre et de styles très différents. Il y a des mélanges de sons partout. Et il y a beaucoup d’artistes de cette génération qui mixent les sonorités.
FD : Et puis on a eu une éducation avec une forme de liberté. Quand on a commencé à faire de la musique ensemble (Patrick était notre coloc) ça n’était pas avec l’idée première de monter un groupe. Y’en a un qui écrivait des paroles, puis l’autre qui dit « Attend je vais te mettre une guitare », et ainsi de suite et nos premières chansons ont été écrites de cette façon, sans barrières, sans style pré-défini.
Coco : Vous êtes le groupe qui a la couverture médiatique la plus importante, avec des articles plutôt élogieux, dans les Inrocks ou l’Express. Comment avez-vous vécu cette première exposition médiatique ?
LI : On l’a bien vécu. Ce sont des gens qu’on a rencontré sur notre parcours. On a fait des scènes, ces gens nous ont vu, et certains nous ont soutenu. Ça a été pour nous des rencontres riches qui nous ont appris à parler avec des journalistes de notre musique et à communiquer, mais toujours dans la simplicité.
Coco : Vous passez pour « de doux dingues » un peu excentriques avec des chansons plutôt légères. Comment le vivez-vous et est-ce que ça correspond à la réalité ?
LI : La légèreté n’est qu’une apparence qui nous permet de dire des choses profondes. Dans notre musique et dans notre travail il y a plusieurs degrés et plusieurs choses qui s’expriment. On aime avoir une forme légère et festive parce qu’on a envie de s’amuser et d’apporter de l’énergie. Mais ensuite, derrière, il y a tout un propos sur le monde, sur la vie, qui est dans une autre couche, dans un autre moment et les gens qui nous suivent commencent alors à la remarquer.
FD : Prenons l’exemple de cette chanson « La moustache ». Ça parait léger. Ça raconte l’histoire de quelqu’un qui veut avoir une moustache, mais en même temps ça parle aussi de notre époque où on veut toujours quelque chose d’autre, de nouveau. On n’est jamais satisfait de ce qu’on a. On a toujours envie de posséder quelque chose de nouveau. Et souvent c’est futile. C’est pour ça qu’on a choisi la moustache. Et ce personnage qui n’est pas satisfait c’est un peu le problème de notre société. Donc il y a des gens qui verront le premier degré et d’autres le second.
Coco : Vous avez aussi un look particulier, un look multicolore. Est-ce que c’est important pour votre image ?LI : En effet quand on a commencé à travailler ensemble on a rencontré des créateurs de mode comme Andrea Crews et Vivienne Westwood, puis d’autre acteurs de la mode. On ne connaissait pas du tout cet univers. Ça nous paraissait nouveau. Ils ont commencé à nous parler de ce que voulait dire la mode. Et on a compris. Ça voulait dire un regard sur le monde. T’habiller différemment c’est te montrer aussi différemment, accepter d’être différent et proposer aux gens d’être autre chose que le format classique de tout le monde. C’est aussi une posture, une position face au monde, et ça nous a intéressés. On s’est dit « Créons des personnages qui nous correspondent, soyons à fond dans ce qu’on est, dans notre identité », et on a décidé de développer nos looks. Ça fait partie intégrante de nous, comme l’idée d’avoir une musique légère et festive. On pousse. On continue et on ne va pas le lâcher. On va toujours défendre l’idée qu’il y a une place pour nous parce qu’on a des choses a dire et une vision du monde qui s’appuie sur l’affirmation de soi avec ses différences.
FD : Le look vient de notre parcours.
PB : Je viens du théâtre et quand je suis arrivé les gars m’ont dit « Mets un leggins » (ndlr : un leggins est un pantalon moulant utilisé notamment pour la gymnastique) et j’ai dit « Non ». Ils ont insisté. Je l’ai mis et ça a été le pire concert de ma vie. Au concert d’après je me suis dit « Je ne mets pas le leggins ». Ils m’ont dit « Pat, il faut que tu mettes le leggins, il y a Oxmo Puccino, il y a Féfé qui sont là. Il faut que tu le mettes, que tu épates les gens ». Finalement je l’ai mis. Je suis monté sur la scène et les gens ont applaudi et crié. Depuis ce jour là, je suis bien dans ce style.
LI : Comme quoi il faut insister un peu des fois.
FD : Mais c’est pas du déguisement, ça vient aussi de nos caractères. Nous on a fait de la dance, Patrick vient du théatre et on a toujours eu l’habitude d’avoir des vêtements, des couleurs. On était aussi fans des danseurs de hip-hop et eux ils sont ultra lookés.
Coco : Et vous êtes fans de quoi ?
LI : NTM, Daft Punk, Rihanna, mais aussi de groupes de métal, comme Panthera ou Motorhead
FD : Dans la variété française aussi, Alain Souchon, Bashung, Christophe.
LI : L’éventail est assez large.
Coco : Et est-ce que vous connaissez l’Eurovision ?
LI : Bien sûr on connait, tout le monde connait.
FD : En fait on a plusieurs visions de l’Eurovision. Première vision : par mes amis français l’Eurovision ça n’évoque pas grand-chose. On sait que c’est un concours où on n’a pas gagné depuis très longtemps. Mais comme on a beaucoup d’amis artistes qui viennent de beaucoup de pays, Scandinavie, Allemagne, on sait que là-bas c’est suivi. Quand on traîne avec des Suédois, quand on parle Eurovision avec eux on réalise qu’on a un train de retard si on compare avec les Français. En France les gens n’ont pas l’esprit Eurovision. Dans d’autres pays ils sont à fond dedans. Nous on va y apporter notre énergie.
Coco : L’Eurovision est un programme très formaté avec des chansons elles-mêmes très formatées où des chansons avec l’étiquette « chanson légère » ou « chanson gag » ont rarement réussi. Comment comptez-vous mettre en valeur « Moustache » dans ce programme où en plus la mise en scène compte énormément ?
FD : Ce que vous avez-vu là (ndlr : dans l’émission diffusée le 26 janvier), c’est la version 1 avec une mise en scène basique pour un petit plateau. Et on a déjà beaucoup d’idées pour la mise en scène. La version 2 ce sera énorme.
Coco : Vous avez conscience que l’Eurovision est une énorme machine qui a surpris même les plus grands qui y ont participé. Etes-vous prêts à vivre une exposition médiatique sans précédent ?
LI : Oui, mais ce n’est pas l’exposition médiatique qui nous motive. C’est faire une scène, rencontrer d’autres artistes, montrer de quoi on est capable créer un beau tableau, montrer une image puissante, nouvelle, énergique, pleine de bonheur et d’idées innovantes.
FD : On veut apporter la musique et la joie de vivre. On a joué sur pleins de scènes, mais par choix on a joué aussi dans des maisons de retraite et des prisons. Musique et joie de vivre. C’est comme une mission. Si on me dit va à l’Eurovision montrer ta vision de l’énergie et de l’enthousiasme, je le fait sans souci. je veux partager cette idée. Après il faudra être agile pour ne pas être étiqueté de façon caricaturale. Pour montrer qu’on est plus profond qu’on le laisse croire.