Espagne

Pour la première fois depuis 2004, l’Espagne renoue avec le Top 10, grâce à une chanson calibrée Eurovision, « Quédate conmigo », et une chanteuse à voix non moins calibrée Eurovision, Pastora Soler, l’équivalent ibérique de notre mademoiselle qui chante le blues. Et la dame met les eurofans dans sa poche, puisqu’aucune note discordante ne vient troubler les vingt-neuf louanges décochées à l’endroit de l’espagnole aux capacités vocales indiscutables.

Tout au plus Juan Lopez-Martinez lui fait-il le reproche de son « expression du visage lors de la finale », pas franchement rigolarde, estimant qu’elle « aurait dû rayonner un peu plus » et Pascal Grillet l’a-t-il trouvé « un peu crispée et austère avec ses cheveux tirés », impression capillaire partagée par Grégory Haulier qui l’aurait « plutôt vu avec les cheveux détachés » pour donner « un show adéquat avec une voix parfaite et un sacré charisme ».

Et du charisme, la dame en a ! « La diva », le mot est de Patrick Nadolski, a offert « une bien jolie ballade qui monte crescendo avec la voix puissante de l’interprète qui assure et captive » à en croire Gérald Maillary, bref, « un bien beau moment » de l’avis de Richard Plumel.

Mais si la bergère (ouvrez vos dictionnaires et apprenez vous-mêmes que « pastora » est une bergère en castillan) a aussi de la voix. Une voix frisquette semble-t-il puisqu’elle provoque des horripilations épidermiques chez Kevin Van Houter qui « en frissonne encore » et des piloérections chez Stéphane Pereira qui a ressenti « le frisson de la soirée ». « Quelle voix ! » se pâme Johann Bodelot alors que Stéphane Laurent « adore » tout simplement et que Franck Thomas goûte « une voix fantastique », « la plus belle voix féminine du Concours » à en croire Etienne Sevrin, « un peu moins vilaine que l’albanaise » concède Jean-Pierre Perez, mais qui fait « hérisser les poils » de Vincent Valmard, « pendu à ses lèvres en attendant LA note qu’elle a magistralement exécuté », et ceux d’Olivier Dalloz qui confesse avoir « eu les poils dressés partout ». Vraiment partout ?.

Toujours dans le torrent de félicitations, Hervé Dely salue « la classe et la gentillesse » de l’espagnole, tandis qu’Eric Gérôme constate que « la chanson avait de la profondeur émotionnelle, ce qui fut rare cette année », une « émotion magnifique et grandissante » pour Jean-Charles Prioux.

Quoi qu’il en soit, « Quédate conmigo » a été pour certains eurofans, qui ne la connaissaient pas, « la bonne surprise », comme le dit Christophe Hermès qui a été « scotché devant la télé », voire le « coup de cœur » de Valérie Menu ou « un tube en puissance » pour Bernard Démoulin. Alors évidemment, la dixième place est assez souvent ressentie comme une punition, à l’instar de Mariano Serrano qui s’avoue « très déçu du résultat », lui qui se voyait « déjà à Barcelone l’an prochain », ou de Philippe Fructuoso qui « ne comprend pas le classement médiocre » de Pastora qui « a su maîtriser ses vocalises ». Et partant, elle « méritait nettement mieux » estime Nikola Bogdan Benoît en accord avec Laurent Sebestyén qui a aimé « une belle chanson superbement interprétée ».

Plus tranchants, Franck Baillot affirme que « ça ne pouvait pas gagner » car « c’était trop bien pour l’Eurovision », et Pascal Cazin affirme qu’il s’agit là du « scandale de la soirée », car « cette chanson avait tout pour gagner ». Mais il reconnaît tout de même que « sa tenue un peu stricte ne l’a pas bien servie ». Le mix « robe sexy » et la bobine « vieille institutrice anglaise ménopausée » était curieux, il faut bien l’avouer…

Tout comme il faut avouer que l’Espagne a produit « un réel effort cette année » comme le souligne François Sénéchal, confirmé en cela par Gérard Delforge qui estime que l’Espagne « est sur la bonne voie ».

En gros, les eurofans adressent à Pastora un vibrant « reste avec moi »…