cocoricovision #82

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Quand en plein week-end du 15 août, on se retrouve dans le Nord de la France avec un temps gris qui vire sur le pluvieux, on se dit que c’est le bon moment pour rédiger son édito. Cela fait trois mois que le Concours de Tel Aviv s’est achevé, avec la victoire, certes annoncée, mais pas si évidente que ça finalement, du Néerlandais Duncan Laurence. Bizarrement on se dit que ça s’est joué à pas grand-chose et que la balance aurait tout aussi bien pu pencher du côté du deuxième, l’Italien Mahmood, ce qui ne m’aurait pas déplu rien que d’imaginer la tronche du consternant (et désormais ex) ministre de l’intérieur italien Mateo Salvini, qui avait critiqué le succès du jeune chanteur au Festival de Sanremo. Ces deux artistes, le Néerlandais et l’Italien, ont dominé l’Eurovision israélien, car ce sont les seuls à avoir réussi à mettre à peu près d’accord les jurys et le public, ce qui est désormais la condition nécessaire et indispensable pour remporter le Concours. Et en plus, ils vont faire un détour par Paris cet automne !

 

En le revoyant trois mois après, je réalise combien ce Concours était extraordinaire. Magnifiquement produit avec des chansons qui toutes tenaient la route, des interval acts éblouissants, des cartes postales splendides et un final haletant, Tel Aviv 2019 restera dans les annales comme l’une des plus fabuleuses éditions de l’Eurovision. Le contraste avec Lisbonne 2018 est saisissant et confirme à quel point le concours lisboète était mauvais et d’un ennui mortel. Quoi qu’on en pense, l’Eurovision prouve à nouveau qu’il est bien le plus grand show télévisé du monde. En témoigne le passage de Madonna sur sa scène, trois ans après celui de Justin Timberlake.

 

Cette année, jurys et public ont fait des choix diamétralement opposés. Les jurys, comme l’an passé, ont plébiscité un titre qui végétait dans le ventre mou du classement des bookmakers peu avant la finale, la Macédoine du Nord, dont j’avais remarqué le potentiel, mais sans imaginer qu’elle obtiendrait un tel résultat. Je voyais plutôt le Suédois John Lundvik remporter le vote des professionnels. Sa prestation m’a ébloui, mais pas le public qui a été, je trouve, bien sévère avec lui. Mais pas autant que les professionnels avec les joyeux Norvégiens KEiiNO. Comment des professionnels, ou prétendus tels, ont-ils pu dédaigner ce titre fun et sympathique et le classer 18ème quand ils ont été si indulgents avec Netta et ses caquètements l’an passé ? Cet élitisme à géométrie variable est pour moi la preuve que ces jurys sont inutiles. Plus les années passent, plus je pense qu’on peut s’en passer. Si Il Volo en 2015 ou Sergueï Lazarev en 2016 avaient gagné le Concours, considérant la qualité de leur prestation, ça n’aurait pas été un scandale et ils auraient même fait de beaux vainqueurs. Le public a changé. Il a gagné en maturité. Certes les votes dits géopolitiques, qui ont justifié le grand retour des jurys en 2009, n’ont pas disparu du télévote mais ils se sont considérablement atténués depuis dix ans. Cette année, avec le télévote seul, ni l’Arménie, ni la Roumanie, à qui le public accordait à l’époque presque automatiquement une place en finale, ne s’y seraient qualifiées. Oui le public est désormais sage et certainement plus que ces professionnels un peu neu-neu, incapables pour certains de faire un classement du premier au dernier, ou de garder les résultats secrets quelques heures, obligeant l’UER à des sanctions, d’où des erreurs de votes détectées trop tard et une piteuse modification du classement deux jours après la finale. Je ne parle même pas des jurés grecs et chypriotes qui sont la honte de la profession et qui ne méritent qu’un bon coup de pied au cul pour leurs votes récurrents et indignes. Et ce ne sont pas les seuls…

 

Cette victoire de Duncan Laurence qui nous emmène à Rotterdam l’an prochain, a donné beaucoup de joie à nos amis Eurofans Néerlandais. Après 44 longues années de disette, ils ont ramené le trophée chez eux. Ils le méritent pour tout ce qu’ils font pour l’Eurovision.

 

J’aimerais bien qu’on vive nous aussi les mêmes émotions. La France n’a certes pas à rougir de son résultat, sans doute en deçà de nos espérances, mais elle nous a présenté une prestation superbe et de qualité qui m’a rendu fier. Bravo à Bilal, Steven et à toute la délégation française pour ce grand moment de télé. Il y a eu du travail, de la réflexion, de l’imagination et de la créativité. Continuons comme ça et ça va finir par payer.

 

Je termine cet édito en remerciant particulièrement trois personnes : Steven, notre chef de délégation, pour sa confiance, mon binôme François sur les shootings pendant les conférences de presse, et Jack qui m’a apporté son aide à des moments critiques de cette aventure israélienne.

 

Farouk Vallette