France 2016

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C’est Amir Haddad qui représentera la France au 61ème concours Eurovision de la chanson.

Chanteur à la culture française et israélienne, Amir est également de sang tunisien, marocain et espagnol.

Il a en 2006 participé à la version israélienne de la Nouvelle Star, mais c’est en 2014 que le public français le découvre lorsqu’il termine sur la troisième marche du podium de The Voice.

 

 

Amir – J’ai cherché (présentation officielle – live)

Amir – J’ai cherché (vidéo clip – version Eurovision)

 

Amir – J’ai cherché (lyrics vidéo – version originale)

Amir – J’ai cherché (version acoustique)

 

 

Le lundi 7 mars avait lieu l’enregistrement du « DiCaire Show », dont la diffusion était prévue le samedi 12 mars en prime time. C’est initialement le moment qu’avait choisi France 2 pour révéler la chanson française, mais, comme on le sait, la révélation par Cyril Hanouna le 25 février du nom du représentant français a contraint la chaîne à annnoncer plus tôt que prévu qu’Amir représenterait la France à Stockholm avec le titre « J’ai cherché ». Quelques médias triés sur le volet, « Le Parisien », « RTL », « Télé 7 jours » et « Cocoricovision », étaient conviés pour interviewer Amir Haddad peu après sa prestation. Nous avons ainsi pu faire sa connaissance et nous avons découvert un charmant garçon, d’une grande gentillesse, chaleureux, bienveillant et optimiste, mais aussi très organisé et ravi de nous parler de son projet préparé depuis un an avec minutie et dont l’aboutissement est un album dont la sortie est prévue fin avril chez Warner. Et c’est au moment où ce projet se finalise que l’Eurovision vient s’incruster dans l’aventure. Faisons donc connaissance avec Amir qui a répondu aimablement à nos questions.
 
Bonjour Amir. Peux-tu nous parler de ton parcours personnel et musical ?
 
J’ai passé ma petite jeunesse à Paris, à Sarcelles pour être plus précis. A l’âge de huit ans on a déménagé à Tel-Aviv, en Israël, avec ma famille. Mon père a continué, lui, à travailler en France et il faisait des allers-retours pour venir nous voir. Nous vivions à Tel Aviv, mais avec beaucoup de voyages en France pour voir la famille. On entretenait ainsi une forte relation binationale tout au long de ces années.
 
A l’âge de 22 ans, avant de commencer des études de chirurgie dentaire, je me suis retrouvé avec une petite période assez libre que j’ai décidé d’exploiter pour tenter ma chance dans la musique. C’était une bonne manière de passer le temps et je me suis inscrit au casting de la « Nouvelle star » en Israël. Ça s’est très bien passé, surtout par rapport à mon niveau de l’époque car j’étais amateur. Et de manière assez surprenante je me retrouve en live, avec les derniers candidats au concours, une dizaine de candidats. C’est l’émission la plus regardée et je chante sur scène. Je n’ai pas fait long feu car ils étaient plus doués que moi, et j’étais à peine chanteur. C’était une belle expérience à vivre et surtout ça m’a ouvert l’esprit face à quelque chose que je ne connaissais pas et que je n’avais jamais imaginé faire dans ma vie. Mais je suis engagé sur des études, je continue mon parcours scolaire et je vais à la fac. J’ai fait six ans d’études, mais au fur et à mesure des années je me sens de plus en plus intéressé par la musique. Je prends des cours de chant, je fais des chansons, je fais des petits concerts, tout en étant étudiant en chirurgie dentaire. Vers la fin de mon parcours scolaire j’annonce à mon entourage que je vais faire une trêve avant d’ouvrir mon cabinet, pour mon âme, pour ma sensation personnelle, pour répondre à mes besoins. J’avais besoin, spirituellement peut-être, de faire de la musique. Et tout le monde l’a accepté.
 
J’ai donc fait de la musique pendant un an en postant des vidéos par internet, j’écrivais des chansons, je continuais les cours de chant. Et puis je suis contacté pour faire « The Voice » en France. Et on peut dire que ma vie a redémarré à ce moment-là. Parce qu’au départ, bien sûr, je me suis questionné en me disant « Tu as déjà fait une émission, pourquoi en faire une autre ? ». J’ai discuté avec mon entourage qui m’a beaucoup encouragé à le faire, parce que je ne connaissais pas l’impact qu’avait « The Voice » en France. Je connaissais ce qui se passait en Israël et ça n’était pas très positif. Il n’y avait pas beaucoup d’audimat, mais beaucoup de dérision envers les artistes et ça leur faisait terminer leur carrière plutôt que de la démarrer. J’ai écouté mes amis Français et j’ai tenté ma chance.
 
En effet dans l’émission diffusée le 18 janvier 2014, aux auditions à l’aveugle où tu interprètes « Candle in the wind », les quatre jurés se retournent et tu choisis d’intégrer l’équipe de Jenifer. Pourquoi ?
 
Parce qu’elle m’a convaincu tout simplement. Je les ai écoutés. Je ne les connaissais pas assez bien pour me faire un avis. Et je n’avais pas prévu à l’avance qui je choisirais, donc j’étais complètement neutre. Une fois que les quatre se retournent, on a vraiment la possibilité de faire son choix. J’ai bien écouté chacun d’entre eux et elle me paraissait la plus déterminée à me vouloir et grâce à elle je suis arrivé en finale.
 
Comment s’est passée ton aventure sur « The Voice, la plus belle voix » ?
 
Ça s’est hyper bien passé, car depuis « The Voice » ma vie est une aventure musicale qui ne s’est pas arrêtée. J’ai terminé l’émission en finale, ce qui était merveilleux de voir que le public me soutenait. Une fois le concours terminé, nous avons fait notre tournée dans toute la France, et puis j’étais libre ensuite de décider si je voulais retourner en Israël pour arrêter la musique ou si je voulais continuer l’aventure ici en France. Mais maintenant, il n’y a plus « The Voice » et il faut le faire de nos propres mains. J’ai donc tenté ma chance en espérant que ça fonctionne.
 
J’ai commencé à parler avec des gens, à faire des rencontres, à rentrer en studio, et les choses se sont bâties peu à peu. Et au bout d’un an, un an et demi même, de travail, on se retrouve avec un projet qui tient la route. Et avec toute l’équipe qui s’est formée autour du projet, toute cette famille, il y a une énorme motivation, une énorme envie d’en faire quelque chose de beau et quelque chose de grand, on s’est senti enfin prêt et fier de cet album qui a été écrit. On est allé voir la maison de disques et depuis les choses se sont enchaînées.
 
Qui sont les membres de cette équipe ?
 
C’est difficile à dire parce que je ne sais pas où m’arrêter. Mais l’entourage le plus proche contient mon manager, Arié Sion, qui lui croit en moi depuis l’époque où j’étais étudiant. Il m’a même encouragé à finir mon parcours scolaire avant d’essayer quelque chose dans la musique. C’était lui qui me disais « Tiens, il y a un petit concert ici, va le faire pour prendre un petit peu d’expérience » ou encore « Tiens, je t’ai branché sur un autre plan ». Il croyait en moi, en parallèle de ses autres activités car à l’époque il n’était pas entièrement dédié à la musique. Mais il était là pour moi et il croyait en moi. Après il y a une autre personne, David Boukhobza, mon producteur, qui a rejoint le projet, et qui a investi ce qu’il faut en temps et en argent pour lui faire prendre des formes et du point de vue artistique je citerai aussi Nazim Khaled et Silvio Lisbonne, qui ont été auteurs-compositeurs avec moi sur l’album, sur une grande partie des chansons, qui m’ont aussi présenté beaucoup de gens et qui m’ont permis de comprendre comment les choses fonctionnaient dans ce métier, parce qu’ils sont dedans depuis un moment. Et le travail avec eux est un bonheur. C’est ce que je considère comme la petite famille, après il y a les amis qui ont construit le site, ceux qui s’occupent des réseaux sociaux, ceux qui s’occupent de la coiffure, des costumes, tellement, tellement de choses…
 
La chanson a été choisie en décembre. Comment est-ce que tu te retrouves à l’Eurovision ? Comment la chanson a-t-elle été choisie ? Comment cela a-t-il été finalisé ?
 
C’est parti d’un rendez-vous complètement anodin, avec Nazim, et un de ses amis Edoardo Grassi. Edoardo, que l’on me présente sans aucune perspective eurovisionesque quelconque, me dit « Je suis devenu le nouveau chef de la délégation française ». Moi, qui aime beaucoup ce concours, je m’intéresse à son parcours et à ce qu’il envisage de faire cette année. Et il me dit « On cherche encore la chanson ». Moi je lui parle de mon projet et je lui dis « Voilà l’album, les chansons on les a écrites avec Nazim, on est super fier, voilà le titre sensé sortir comme premier single, je te le fais écouter ». Il écoute et c’est là qu’il me dit « Amir, je pense que tu devrais faire l’Eurovision avec cette chanson ». Ma première réaction c’est « Tu vas trop vite ! J’ai mon projet musical, j’ai envie de le faire vivre, j’ai travaillé très dur là-dessus, si maintenant je l’offre pour l’Eurovision, où est-ce que j’existe dans tout ça ? Est-ce que les gens vont comprendre que c’est ma chanson. Et vont-ils comprendre que je ne l’ai pas écrite pour le concours ? ». On se posait donc beaucoup de questions. Malgré tout, ça m’a trotté dans la tête. Et puis il y avait la responsabilité de représenter la France. Qui suis-je ? Pourquoi est-ce que je mériterais de faire ça ? Est-ce que j’en suis capable ? J’ai réfléchi. On en a parlé avec mon entourage professionnel. Et une fois qu’on s’est tous décidé à dire oui, je suis revenu voir Edoardo et je lui ai dit « Faisons-le. Mais, par contre, je ne veux qu’une seule chose, pour moi. C’est que tu permettes à ma chanson de sortir quand elle était prévue de sortir, sans raconter à qui que ce soit que ça sera le titre de l’Eurovision. On la laisse vivre et on voit comment les radios l’accueillent ». J’ai vraiment besoin de ce regard neutre, de cette appréciation du public et du métier. Je veux savoir ce que les gens en pensent. Et les radios l’ont accueilli avec une chaleur énorme, aucun rapport avec l’Eurovision, en le faisant diffuser entre 300 et 500 fois par semaine, dans toutes les radios de France. Il est sorti en janvier. Puis, quand on a compris que ce titre avait de la valeur, ce qui était très important pour nous, pour moi, dans mon cheminement artistique, qu’on était sur la bonne voie, on s’est dit « C’est bon, on peut l’annoncer ». Et une fois que ça a été annoncé, ça n’a fait qu’embellir les choses. C’est aussi beaucoup plus concret. On a un but. On a un objectif. On veut y arriver. Mais au moins, on sait que cette chanson fait partie d’un tout, d’un projet, et d’un album.
 
Ça n’a pas été trop dur de garder le silence pendant de longues semaines et de ne rien lâcher ?
 
Oui c’était très difficile. Mon entourage proche n’était pas au courant. Vous imaginez. Quand on a une nouvelle qui peut les rendre aussi fiers, aussi heureux. Donc on la garde à l’intérieur. Et très souvent ils te disent « Ben alors Amir, qu’est-ce qui se passe ? Quelles sont les prochaines étapes ? ». Et tu ne peux rien leur dire. Il y a un truc énorme qui s’annonce, mais c’est un secret et tu dois garder le silence.
 
Comment as-tu réagi quand Cyril Hanouna a balancé la nouvelle que ce serait toi qui représenterait la France cette année ?
 
La première réaction c’est une forme de tristesse, parce qu’on a fait tellement d’efforts pour cacher la chose. Moi-même je me rappelle combien je briefais les personnes qu’on avait fait entrer dans la confidence. Je mettais la main sur le cœur en expliquant qu’il y a beaucoup de choses dépendantes de ce secret et qu’on doit essayer de garder un impact important pour le titre. J’avais l’impression que tout le monde jouait le jeu et je ne sais pas du tout comment ça a fuité. Ma première réaction c’était d’être déçu. J’ai mis ensuite peu de temps à me ressaisir et à me dire qu’il n’y a pas de mauvaise publicité. Et que ça crée un buzz qui a été doublé quelques jours plus tard quand l’annonce officielle est arrivée. Tout ce qui arrive est pour la bonne cause et c’est comme ça que je vois la vie depuis toujours. Certes c’est difficile de réaliser que le secret qu’on essayait de garder n’est plus un secret. En même temps je remercie Cyril Hanouna pour l’énorme exposition qu’il m’a donnée dans son programme et j’ai hâte de venir sur place.
 
Quelle est l’image que tu as de l’Eurovision, et est-ce que tu regardes le programme ?
 
Bien sûr j’adore l’Eurovision. C’est une émission qu’on regarde beaucoup. J’ai vécu une grande partie de ma vie en Israël et là-bas c’est quand même un phénomène de société. Israël, malgré sa petite taille a réussi à gagner quand même trois fois l’Eurovision. Il y a beaucoup d’affection pour ce programme. Et ayant vécu là-bas, je l’ai ressenti, je l’ai vécu. C’est une manifestation musicale qu’on adore regarder en famille tous les ans, en essayant de parier sur le gagnant, avec les frères et sœurs. Il y a vraiment tout un plaisir autour de ce spectacle. L’an dernier je voulais que la France ou Israël gagne et j’étais à fond, au taquet, pour les deux pays, surtout que mon batteur, de mes concerts, de mon groupe était aussi le batteur de Lisa Angell. Jamais je ne me suis imaginé, et encore moins l’année dernière, que nous serions, moi et ma chanson, un jour sur cette scène. Mais ça arrive et ça ne fait que confirmer qu’il faut croire en ses rêves.
 
C’est une tempête médiatique sans précédent. Comment t’es-tu préparé ?
 
Je ne me suis pas préparé. Je laisse les choses venir comme elles viennent. Je suis très bien entouré, très bien encadré. Les choses se font d’une manière ordonnée, structurée. Et Ludovic Hurel de France 2 est là et nous supervise et nous apporte sa gentille présence tout comme Edoardo Grassi bien sûr. Tout est clair. Tout est bien conçu. Il n’y a pas de difficultés. La seule chose est qu’on est plus exposé, mais c’est finalement le souhait de tous les artistes. Surtout quand on parle de musique et de sa chanson. Je ne demande rien de plus.
 
Souvent, en France, les médias en parlent de façon négative ou moqueuse. Tu t’es préparé à entendre des commentaires pas toujours très sympas.
 
Oui préparé à entendre et à répondre et à corriger les personnes qui ont une opinion avec laquelle je ne suis pas d’accord.
 
Quels sont les conseils que ton entourage te donne en ce moment ?
 
Beaucoup de questions tournent autour de la mise en scène, qui est pour le moment une surprise dont on n’a pas dévoilé les détails. La mise en scène est un facteur très important sur un show comme l’Eurovision et l’objet de toutes les personnes qui m’en parlent, qui me demandent si je vais vraiment mettre le feu et est-ce qu’on prévoit quelque chose qui sera à la hauteur de la chanson pour pouvoir se démarquer des autres pays. Oui, oui et oui. On va essayer en tout cas d’apporter à la France l’honneur qu’elle mérite depuis si longtemps.
 
Ta famille et tes amis te suivent ?
 
Bien sûr. Ma mère surtout et j’ai réussi à lui apporter tous les articles qui parlent de moi depuis le jour où j’ai commencé à passer dans les médias. Ça fait deux ans que je n’ai rien manqué et je vais chez le libraire tous les trois jours ! Et puis mes fans sur les réseaux sociaux sont très actifs et me font des captures d’écran dès qu’il y a quelque chose.
 
Quelle est la question que je ne t’ai pas posée et que tu aurais aimé que je te pose ?
 
C’est dur parce qu’on m’a posé tout un tas de questions aujourd’hui. Mais tu ne m’as pas demandé quel classement je vise.
 
Tu te prépares à gagner tout autant qu’à perdre ?
 
Je me prépare à toutes les éventualités mais en tout cas je ne veux pas avoir le regret d’avoir laissé quelque chose au hasard, de ne pas avoir pris au sérieux un des aspects préparatoires de ce concours. C’est pourquoi mon entourage et nous, nous essayons de veiller à ce que tout soit parfaitement bien géré pour que nous allions là-bas en étant sûrs qu’on a fait le meilleur pour avoir un bon score. Ensuite si la décision est extérieure à nous mais qu’on sait qu’on a fait le maximum possible, je le vivrai bien, même si c’est la dernière place. Ce n’est pas ce que je souhaite, mais même si c’est la dernière place et que nous n’avons pas de reproches à nous faire, ça ira. Et vu comme ça part maintenant, pour le moment nous n’avons pas, je pense, de reproches à nous faire. On fait vraiment le maximum pour que tout se passe bien.
 
Propos recueillis par Farouk Vallette